Je suis arrivé en France en 2013, après une dizaine d’années de travail en Italie, un peu par hasard, un peu par mon désir de continuer à faire de la recherche dans le domaine de la sociologie. Rêveur, et un peu naïf, certainement hypersensible, j'avais commencé mon parcours en rêvant de bibliothèques boisées, d'archives, de livres poussiéreux, de rencontres avec des professeurs âgés et sages, de voyages et de personnes qui m'apprendraient de belles choses, utiles pour mon travail mais aussi pour moi en tant qu'homme. J'ai vécu beaucoup de ces choses pendant ma vie italienne, j’ai vécu bien plus encore de 2013 à aujourd'hui, toujours fidèle aux paroles du chanteur et poète italien Francesco Guccini : « Il faut de la sagesse, de la constance pour vieillir sans maturité [Ci vuol costanza, ad invecchiare senza maturità] ».
Mon voyage à travers les lieux et les gens, les émotions et les peurs, m'a amené à découvrir, au fil du temps, la sociologie de la culture, puis les études de genre, la sociologie du corps, du sport, de la santé, et peut-être beaucoup - trop ? - d'autres choses que j'ai mises de côté, comme des vieux romans qui traînent au fond d'une étagère et que je relirai peut-être un jour. Ou peut-être pas. Ce voyage m'a amené à écrire des livres et des articles, à me demander si ce que j'écrivais avait un sens, si cela servait à quelque chose. J'ai dirigé des projets de recherche que j'ai aimés, d'autres plus par commodité, toujours avec des personnes que je respectais et par qui j'aime à penser que j'étais respecté. Certaines de ces personnes sont aujourd'hui mes amis les plus chers, certains « colorent » mes publications et mes projets par leurs noms et prénoms.
Aujourd'hui sociopsychologue de la santé et coordinateur du réseau de recherche Society and Sports de la European Sociological Association, membre de l’atelier SHERPAS depuis janvier 2023, je suis un adepte de la recherche-intervention. Parmi les thèmes et les objets de mes recherches et de mes préoccupations figurent le corps, les inégalités sociales et la justice sociale. Je m'intéresse particulièrement à celles que Gramsci décrivait comme « les personnes en marge de l'histoire » et que Pasolini appelait « les derniers », c'est-à-dire les personnes fragiles et vulnérables, mentalement et socialement. Mon regard sur ces préoccupations est teinté d'une vision interactionniste/constructionniste et d'une passion pour les arts
Plus concrètement, je collabore avec ceux qui se consacrent aux personnes fragiles, que ce soit dans le domaine du décrochage scolaire ou du bien-être, en utilisant la recherche interventionnelle qui intègre les Activités Physiques Adaptées (APAs) et les arts, notamment la dramathérapie. Aussi, je me pose des questions sur mon rôle en tant que chercheur, sur mon influence sur mes objets de recherche et sur mon identité. J'ai donc intégré les collègues travaillant sur l’axe « Réflexivités et circulation des savoirs ». In fine, avec des partenaires de mon réseau, j'essaie d'établir un dialogue entre les couleurs de la créativité et les formes de méthodologie de la recherche en sciences sociales. Mon objectif est de développer des méthodes de recherche créatives mieux adaptées à l'étude de la dimension subjective, identitaire et incorporée de mes objets de recherche et d'intervention.